River Rafting auf dem Inn

Un rapide s’annonce. Des rochers émergent de l’eau de façon menaçante, et nous fonçons droit sur eux. Soudain, notre embarcation commence à tourner, heurte un rocher de plein fouet, puis rebondit de travers sur les flots écumants. Toby rit. Le guide de rafting expérimenté maîtrise parfaitement la situation. Il ne fait que jouer avec le courant et il s’amuse

C'est la première fois que je fais du rafting sur l'Inn, cette puissante rivière alpine qui est alimentée en eau par de nombreux glaciers sur son parcours à travers l'Engadine et le Tyrol – il y en aurait encore plus de 300 actuellement. C'est à l'eau des glaciers et aux particules en suspension qu'elle contient que l'Inn doit sa couleur turquoise laiteuse, qui fait sa réputation. Ce n'est pas pour rien qu'on la surnomme «la rivière verte des Alpes».

Toby se dirige vers le prochain rapide. Le bateau s'écrase et se met de travers. Nous allons basculer dans l'Inn froid? Comme sur les photos que j'ai vues à la base du raft. Sans blague! C'était encore loin de la limite, estime Toby, qui a déjà descendu cet endroit des centaines de fois.

Alors que l'Inn est relativement plate et tranquille en Haute-Engadine, elle se transforme en une rivière de montagne sauvage en Basse-Engadine. La pente est soudain plus raide et l'eau a creusé plusieurs gorges dans le paysage, où l'Inn peut se précipiter vers la vallée sans être domestiquée. Un joyau naturel et un eldorado pour les amateurs de sports d'eau vive.

«Des kayakistes du monde entier viennent ici pour traverser une fois les célèbres gorges de la Giarsun», explique George Hein. Il est le directeur d'«Engadin Adventure» et donc le patron de Toby. L'entreprise organise depuis 25 ans des descentes en rafting sur l'Inn. George est d'ailleurs le porte-parole sur les courtes vidéos.

Nous ne sommes pas dans les gorges sauvages de Giarsun, mais plus bas, sur le parcours plus confortable de Scuoler, où la pente est à nouveau moins raide. À ma grande surprise, Toby prend un rapide à l'envers, bien sûr il rit et montre du doigt une magnifique montagne. «Regardez, cette vue me rappelle le Canada».

«En», c'est le nom de l'Inn en romanche. Si l'on ajoute maintenant le mot «Giardina» en avalant le R, on obtient le nom de la célèbre haute vallée : Engiadina – le jardin de l'Inn.

Entre-temps, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire du rafting et j'ai eu le temps d'observer le paysage qui s'offrait à moi. Des épicéas et des mélèzes poussent tout près de la rive, si bien que je peux voir des écureuils qui sautent de branche en branche. Soudain, un héron apparaît et vole au-dessus de l'eau devant nous, à la recherche d'une proie. C'est vraiment un beau jardin que cette Engadine, et plein de vie.

Une embuscade : le deuxième bateau nous attend derrière un rocher et nous éclabousse au passage. Nous poussons des cris de joie et rendons la pareille avec nos pagaies. Puis le vénérable Scuol Palace apparaît sur la gauche : un magnifique bâtiment de la Belle Époque, connu à l'époque sous le nom de Kurhaus Tarasp. Au 19e siècle, les rois et les tsars fréquentaient cet établissement pour boire de l'eau minérale et s'y baigner.

Plus de 20 sources minérales jaillissent du sous-sol autour de Scuol, dont beaucoup à proximité de l'Inn. Ce phénomène s'explique par une particularité géologique : des roches très anciennes affleurent ici, alors qu'elles sont habituellement recouvertes.

Les trois sources minérales les plus célèbres – Bonifacius, Emerita et Lucius – étaient captées dans la buvette «Büvetta Tarasp». Ce bâtiment tout en longueur apparaît maintenant sur la rive droite de la rivière. Je suis étonné de voir que nous passons lentement devant ce témoin des débuts du tourisme thermal. De nos jours, la buvette n'est malheureusement plus accessible pour des raisons de sécurité.

«Pause!», s'exclame Toby. Comment faire une pause ? Il dirige le bateau vers la gauche, se laisse porter par le courant en épingle et nous avons déjà accosté sur la rive. Un bon guide de raft peut arrêter son bateau à tout moment et pratiquement partout dans la rivière, dit-il en haussant les épaules. Quelques pas plus haut se trouve la Büvetta Sfondraz. On y trouve de délicieux snacks et boissons, et ceux qui le souhaitent peuvent goûter à la source minérale qui jaillit ici. L'eau a un goût de fer, mais on dit qu'elle est bonne pour la santé.

Nous sommes de nouveau assis dans notre véhicule en caoutchouc, désormais familier. Les passages difficiles sont derrière nous, il est temps d'en profiter. Toby montre du doigt une ligne marquante sur la pente abrupte de la rive. «Au printemps, l'eau est montée jusqu'à cet endroit. La rivière change constamment, les bancs de gravier vont et viennent».

Le niveau d'eau varie en raison d'influences naturelles telles que les fortes pluies ou la fonte des neiges, mais l'Inn est en même temps une rivière régulée. Les centrales électriques de l'Engadine dirigent et pompent une grande partie de l'eau qui s'écoule par des galeries sous pression et dans le lac de retenue de Livigno. De ce fait, le débit de l'Inn en Basse-Engadine n'est que résiduel.

L'électricité est ainsi produite depuis 1970. Dans les années 80, les premiers river rafteurs ont découvert l'Inn, ils ont descendu le cours de Scuol jusqu'à Martina. Les gorges de la Giarsun n'étaient pas encore praticables à l'époque, car le débit de l'Inn était nettement plus élevé qu'aujourd'hui. Mais avec la construction d'une deuxième étape de la centrale électrique en 1993, le débit a été réduit – et soudain, le river rafting était possible dans les gorges de Giarsun. Les sports d'eau vive en Engadine ont ainsi connu un nouveau temps fort.

Lentement, notre tour touche à sa fin. Nous passons Scuol, reconnaissable à l'église San Geer qui trône fièrement sur un rocher. Une autre image emblématique qui reste gravée dans ma mémoire. Enfin, nous arrivons à Pradella, où l'Inn est retenue et ne s'écoule plus que lentement.

La moitié de l'équipage se jette à l'eau, se laisse flotter avec délice et nage jusqu'à la terre ferme. Ici, nous devons impérativement quitter l'Inn. Il n'est pas possible de continuer à cause de l'écluse de la centrale électrique toute proche. Mais il est possible de la contourner et de remonter dans la rivière plus bas. Je suis d'abord content de sentir à nouveau la terre ferme sous mes pieds. Merci à Toby et à l'équipe pour cette expérience unique.

Texte: Franco Furger
Images: Dominik Täuber